Compte-rendu du Workshop avec le collectif Bam
isdaT du 12 au 16 février 2018
Quelle est la vision de votre projet ? Pourquoi faites vous ce projet ? Comment ? Avec et pour quoi ? Quel est l’univers de votre projet ?
Les designers ont demandé aux étudiants de présenter leur projet par cette méthode.



Vision
Rarement le design se sera véritablement intéressé au supermarché. S’il est demandé, c’est généralement pour servir les ambitions des services marketing des enseignes de grande de distribution afin de mettre en valeur les marchandises, de fasciner et de faire consommer.
Ainsi asservi, il produit des aménagements, des mises en scène, une esthétisation des produits qui prête à confusion. Bien souvent ces stratégies de mise en valeur renvoi vers un imaginaire et s’éloigne de la réalité des produits, de leur provenance, de leurs conditions de production, de leur mode d’acheminement, etc.
Les supermarchés constituent de nos jours des espaces qui interfèrent sur nos comportements, des espaces au sein desquels l’« on se voit en permanence interpelé, averti brutalement, ordonnée, séduit inutilement, rarement remercié, encore moins respecté comme les citoyens dignes et responsables que nous sommes censés être » (Ruedi Baur). De ces espaces que nous fréquentons (pourtant) quotidiennement, on pourrait dire qu’ils manquent de civisme.
Peut-on penser des espaces de commerce offrant la possibilité de comprendre les produits en présence et leurs modes de production ? Y aurait-il des manières de concevoir ces espaces qui ouvriraient à un rapport aux biens plus réfléchi, là où les commerces contemporains privilégient le réflexe d’achat ? Telles sont les questions que nous entretenons dans le cadre de ce projet de recherche: cultiver d’autres types d’approches du supermarché… pour mettre en œuvre un design d’utilité public.




La maquette du futur supermarché
Les étudiants ont réalisé une maquette à l’échelle (1/15e) pour représenter des hypothèses d’aménagements possibles et envisager la répartition et l’organisation des différentes fonctions au sein du nouveau local du supermarché. Cette maquette est un outil de discussion à destination du groupe de réflexion « aménagement du local » qui s’est constitué avec des étudiants de l’isdaT et des membres de la chouette Coop.
Que se passe-t-il si le stock est intégré au rayonnage et si dans ce supermarché au fonctionnement particulier, la partie traditionnelle ment soustraite au regard devient visible?
Comment par de simples gestes celui qui fait ses courses peut par la même occasion réapprovisionner un rayonnage?
Comment faire pour que le temps d’attente en caisse puisse ne pas être vécu comme un temps d’attente dénué d’intérêt? Comment faire du passage en caisse un moment d’observation, pendant lequel une fenêtre s’ouvre sur le supermarché et permet un regard sur son fonctionnement et sur les interactions entre les coopérateurs.
L’espace de caisse pourrait-il être associé à un espace d’accueil ? Que se passe-t-il si les produits frais, les produits les moins transformés occupent une position centrale dans le magasin ?
Réalisation d’une maquette à l’échelle 1 en carton d’une caisse pour simuler les volumes d’encombrement et décider de la position des différents dispositif techniques (écran, imprimante, machine de carte bancaire).

Un principe d'assemblage qui convienne au caisses et aux rayonnages
Les étudiants se sont penchés sur la construction d’un principe de rayonnage avec un mode d’assemblage qui permette la modularité. Ce principe pourrait être repris dans la conception du mobilier de la caisse et permettrait d’agrandir ou de rétrécir la surface de la caisse en fonction des usages. Il devrait aussi donner la possibilité au caissier de régler la hauteur des écrans en fonction de leur taille. A la Chouette Coop, les caissiers se relaient fréquemment et ne se ressemblent pas, il est donc important de proposer des modalités d’ajustement assez souples.


Un système de signalétique autour des produits frais
Comment faire du moment d’approvisionnement un temps d’éducation, un temps pour acquérir une connaissance et une meilleure compréhension des produits que l’on consomme? Si l’acte de consommation engage la responsabilité du citoyen, quel moyen peuvent lui être donnés pour faire un choix responsable? Telles sont les questions qui ont animé un groupe d’étudiants qui a réfléchi à des outils de représentation graphique permettant d’identifier un produit, d’en savoir davantage sur son mode de production, sa provenance, ses conditions d’acheminement, mais aussi sur les conditions de travail de ceux qui les produisent.
L’ensemble des éléments graphiques devraient permettre de pouvoir établir une relation entre le produit et son prix, de comprendre comment a poussé tel ou tel fruit ou légume (sous serres, dans le sol, etc.), s’il a nécessité un apport régulier en eau, en intrants (chimique ou biologique), mais aussi de pouvoir se représenter la taille de l’exploitation dont il provient.
Les étudiants ont pensé un ensemble de signes graphiques qui pourraient s’aimanter à des écriteaux (pour pouvoir être facilement positionnés par les coopérateurs qui s’occupent de la mise en rayon) Une étudiante a maquetté une application en ligne où figurerait dans une base de donnée l’ensemble de produits référencés à la chouette Coop. Les descriptions des produits pourraient être ajoutées par les producteurs. L’application serait un moyen de rapprocher les producteurs et fournisseurs des coopérateurs de la chouette Coop, plus particulièrement de ceux qui n’appartiennent pas au groupe d’achat et qui ne sont pas forcément au fait des choix qui ont été faits à propos de l’ajout de telle ou telle référence.

