De brique et de broc

© Louna Quienne
Eléonore Le Nezet choisit la sobriété du noir et blanc, pour documenter les mutations d’une rue du quartier Matabiau, à Toulouse, et faire vivre la mémoire des habitants. Le projet est porté par la Métropole de Toulouse, et fera naître un quartier d’affaires non loin de la gare, au prix de nombreuses démolitions. Divers supports sont mobilisés pour garder trace d’un quartier, de ses habitants, de ses usages.
Le projet à venir est montré par les institutions avec force couleurs que ne reprend pas l’auteure : il s’agit de densifier la ville, en démolissant des logements tantôt insalubres, tantôt classés au patrimoine.
La rue de Lyon est reproduite en maquette, à une échelle qui rend possible le détail des façades : enseignes et fenêtres, humanisent le bâti. Un dispositif makey-makey permet à l’utilisateur d’écouter des témoignages d’anciens habitants. Le passé se déploie en plusieurs dimensions.
Du présent en transition, il est fait état par des photographies monochromes formant une fresque. Commencent à apparaître les voies cyclables, la végétalisation qui accompagnent le projet. Des affiches placardées par les habitants, appelant à la concertation, critiquant la gentrification qui ira de pair avec le renouvellement.
C’est en deux toiles noires, dont le graphisme ne refuse que la couleur à la Métropole, mais pirate, qu’Eléonore placarde son propos. Elle met en regard de vues passées et futures, liste les commerces qui existaient avant les démolitions, et se fait ainsi le relais des protestations habitantes qu’invisibilise la transformation. Il s’agira à terme de partager ces récoltes, de faire entendre les témoignages.

© Louna Quienne

© Eléonore Le Nezet, Louna Quienne

© Louna Quienne

© Louna Quienne

© Franck Alix

© Franck Alix