→ Petit Victor

Victor Petit est enseignant chercheur à l’Université de Technologie de Troyes. Ses recherches se situent au croisement de la philosophie de l’écologie et de la philosophie des techniques.

→ Tastevin Yann Philippe

Yann Philippe Tastevin est chargé de recherche au Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST) à l’Université Toulouse — Jean Jaurès. Ses recherches portent sur les processus d’innovations au sud et les circulations globalisées des technologies.

→ Bruyère Nathalie

Nathalie Bruyère est professeure à l'institut supérieur des arts et du design de Toulouse ; elle monte le projet de recherche (fait [penser] fait) Global Tools, aujourd'hui. L’aboutissement de cette recherche est un ouvrage qui analyse et porte un regard critique sur la relation projet et écologie, travail et société à partir des entretiens de certains fondateurs du mouvement, des bulletins, d’éléments d’archives inédits. Elle est responsable du Studio Les Communs à l’isdaT, qui œuvre chaque année à organiser un travail transdisciplinaire en collaboration avec des laboratoires universitaires comme le CERTOP-CNRS (Centre d'Etude et de Recherche Travail Organisation et Pouvoir), le LISST-CNRS-EHESS (Laboratoire Interdisciplinaire Solidarité, Sociétés, Territoires), et des écoles comme l’INSA (Institut Supérieur des Sciences Appliquées) et l’école d’architecture de Toulouse.

Wild-Tech & Milieu-Tech. Repenser la technologie ?

Il y a cinquante ans, le design radical de Global Tools entamait sa transition écologique par la promotion des « technologies simples ». Aujourd’hui, la mode est au « low-tech ». Sous des noms différents se cachent en réalité une même problématique. Mais sommes-nous cantonnés à choisir entre le High-Tech et le Low-Tech ? Cette opposition binaire est-elle pertinente pour penser l’histoire et l’anthropologie des techniques ? Suffit-elle à penser la transition vers une écologie du milieu technique commun ?

Les concepts de « wild-tech » et de « milieu-tech », qui seront évidemment explicités, s’accordent pour subvertir ces dualismes, et disent la nécessité de réinventer la technologie — ce qui suppose au préalable de ne pas se satisfaire de l’usage anglo-saxon qui confond la « technologie » avec les « techniques » dites high-tech. Cet échange, entre un anthropologue des techniques et un philosophe des techniques, se propose donc de repenser la technologie à l’aune d’exemples concrets de techniques alternatives.

Évènement enregistré le 3 mars à huis clos pour COVID, diffusion en replay sur la chaîne YouTube de l'isdaT. Invitation Nathalie Bruyère.

Présentation de la rencontre par Nathalie Bruyere

Nathalie Bruyère : "Bonjour, alors je vais faire une petite introduction à ce dialogue. Ce qui nous anime ici, et ce que nous décortiquons c'est ce que nous avons nommé dans le studio le « standard ouvert », dans le cadre d'un projet de recherche Changement d'échelle dans le studio Les communs, dont j'ai la charge et auquel participent Jean-Marc Evezard, François Chastanet en design graphique, les fablabs Artilect et le 8 Fablab, l'association La Compagnie du Code, l'école d'architecture de l'ENSAT de Toulouse, et l'école d'ingénieurs de sciences appliquées L'INSA de Toulouse.

Alors pourquoi : cette introduction sur le changement d'échelle a été questionnée lors d'un forum régional de l'ESS, en Occitanie en 2008, lors d'un colloque intitulé Pourquoi changer d'échelle, mis en place par Geneviève Azam, Jacques Prades, Mireille Bruyère et Stéphane Hénin, du Master Jean Jaurès “Nouvelle économie sociale”. Geneviève Azam introduit son introduction en soulignant que l'effondrement signifie que le système ne peut plus faire face aux besoins de la société. Toujours la même année, Mireille Bruyère, lors du séminaire à l'isdaT intitulé Dynamique contemporaine du capitalisme, invitée par le studio Les communs, en collaboration avec Etienne Cliquet et Ana Scrivener Samardzija, conclut par un appel à nos structures à développer un imaginaire radical face aux enjeux écologiques, voir le livre de Castoriadis, Du chaos naît la création. Bref, il devient indispensable d'imaginer de nouveaux récits.

A la croisée de ces questionnements, c'est là, au sein de Ultra Ordinaire et au sein de l'école, que je finalise avec Victor Petit le livre de Global Tools. Cette recherche sans fin est une fenêtre sur l'utopie, elle est l'horizon dit Fernando Birri. « Je m'approche de deux pas, elle s'éloigne de deux pas. J'avance de dix pas, et l'horizon s'enfuit dix pas plus loin. J'aurais beau avancer, jamais je ne l'atteindrai. A quoi sert l'utopie ? Elle sert à cheminer. » Poème tiré du livre de Edouard Gallieno, Parole vagabonde. Et c'est parce que nous sommes dans une école d'art et de design qu'il me semble que nos axes de recherche doivent être un cheminement entre des paroles vagabondes des jeunes designers, et les nôtres, designers plus confirmés. Dialogues ponctués de paroles plus précises et théoriques, qui cheminent ensemble vers une utopie. 

Que voulons-nous atteindre comme horizon ?

S'il devait y avoir un slogan, ce serait celui-ci : « La forme doit suivre le milieu naturel, culturel et technique ». Pour cela, nous avons pris un cas d'étude précis : un projet de restauration nommé “Economat”, en partenariat avec le Master NES de Jean Jaurès, Mireille Bruyère, et le studio Design et environnements. Si le studio Design et environnements enquête, questionne les usages de la communauté de l'isdaT et son écosystème, de notre côté, nous avons axé le travail sur une réflexion sur temps, machines et travail, esthétique augmentée et éthique du projet. L'enjeu est une base de données nommée “Bibliothèque infinie”, sur laquelle travaillent les étudiants du studio. Créer des espaces et des artefacts en design viral. Un design où signe, forme et usage se transforment selon les lieux et les communautés, développant le travail et pas forcément l'emploi. Documenter, partager pour pouvoir modifier, réparer, c'est donc les piliers de ce travail basé sur le mélange des techniques, que ce soit artisanales, industrielles, numériques ou même de la bricole.

L'invitation a naturellement comme titre Wild-Tech & Milieu-Tech, repenser la technologie. L'échange se fait entre Victor Petit, ici présent, enseignant-chercheur à l'Université de Technologie de Troyes, dont les recherches se situent au croisement de l'écologie, de la philosophie et des techniques; et Yann Philippe Tastevin, anthropologue au CNRS, dont les travaux portent sur les processus d'innovation et de circulation globalisés des techniques. Yann Philippe Tastevin est également auteur du dossier Low tech ? Wild Tech !, dans la revue Technique et Culture aux éditions EHESS, et est commissaire de l'exposition Vie d'ordure, de l'économie des déchets au recyclage en Méditerranée, au Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée.

Cet échange est présenté comme suit : il y a cinquante ans, le design radical de Global Tools entamait sa transition écologique par la promotion des technologies simples. Aujourd'hui, la mode est au Low-Tech. Sous des noms différents se cachent en réalité une même problématique. Mais sommes-nous cantonnés à choisir entre High-Tech et Low-Tech ? Cette opposition binaire est-elle pertinente pour penser l'histoire et l'anthropologie des techniques ? Suffit-elle à penser la transition vers une écologie du milieu technique commun ? Les concepts de Wild-Tech et de Milieu-Tech, qui sont évidemment explicités, s'accordent pour subvertir ce dualisme et disent la nécessité de réinventer la technologie. Ce qui suppose au préalable de ne pas se satisfaire de l'usage anglo-saxon qui confond la technologie avec les techniques dites High-Tech. Cet échange entre un anthropologue des technique et un philosophe des techniques se propose donc de repenser la technologie à l’aide d’exemples de techniques alternatives. Avant de laisser la parole, je voudrais aussi remercier Imke Plinta de nous avoir accueillie dans le labo de son exposition Déjà vu, au Musée d'Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne, qui a lieu pendant la Biennale de design de Saint-Etienne, sur le thème bifurquer, car bifurquer c'est réagir et faire un pas de côté, en exprimant un chemin ici et maintenant.

Maintenant je laisse la parole à Victor et Yann."

Victor Petit

Victor Petit est enseignant chercheur à l’Université de Technologie de Troyes. Ses recherches se situent au croisement de la philosophie de l’écologie et de la philosophie des techniques.

Lien vers l'intervention de Victor Petit

Yann Philippe Tastevin

Yann Philippe Tastevin est chargé de recherche au Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST) à l’Université Toulouse — Jean Jaurès. Ses recherches portent sur les processus d’innovations au sud et les circulations globalisées des technologies.

Lien vers l'intervention de Yann Philippe Tastevin