Mener une enquête sur les manières d’habiter Caylus 2/4
Entretiens
Mener une enquête sur les manières d’habiter Caylus
Lors des moments d’échanges avec les habitants, nous avons conduire vos entretiens en deux temps. Dans un premier temps, nous avons orienter nos échanges vers les manières d’habiter la cité moyenâgeuse de Caylus pour nous focaliser dans un second temps sur les manières d’habiter une ancienne bâtisse et questionner votre interlocuteur sur la présence des systèmes de circulation de l’air, de l’eau, de l’énergie, des télécommunications, etc.)
Entretiens
Une ancienne ferme sur le Causse

Crédits : Jean-Marc Evezard ; Théo Lacroix.
Jacques Yeny
Date : 03/01/2017
Entretien effectué par : Théo Lacroix, Marie Maganuco, Hanin Salama et Aurélie Perderizet.
Monsieur Jacques Yeny est propriétaire d’une ferme sur le Causse (plateau de calcaire) depuis 1979-80 (17 ans), il en fait l’acquisition quand il habite en Afrique pour des raisons professionnelles, il fait faire les travaux à distance, les travaux sont longs puisqu’il n’est pas pressé et que la communication entre Caylus et l’Afrique est difficile. Cette ferme est abandonnée en 1940, après l’écroulement d’un mur, dû au non entretien de la pierre sèche en mouvement. La propriété contient 3 bâtiments, une habitation principale (principalement utilisée pour l’activité agricole à l’époque, la vie se faisait dans seulement 2 pièces), un pigeonnier et une bergerie. à l’époque le pigeonnier était un marqueur social et servait principalement à produire de l’engrais. Les bâtisses ont été construites en plusieurs étapes, sur plusieurs années, mais la seule date présente sur le devant de la maison est 1789. M. Yeny avait le désir de garder au maximum l’extérieur d’époque, (il n’a pas pu conserver un toit ancien pour des raisons d’imperméabilité). Pendant la rénovation, des travaux de taille et de récupération de pierres ont été réalisés afin de remplacer les pierres absentes ou détériorées. Il fait faire le gros œuvre lorsqu’il est en Afrique, une fois qu’il décide de venir vivre à Caylus il fait faire le petit œuvre en étant sur place, cette fois-ci par une entreprise générale afin d’éviter les problèmes de coordination entre différentes entreprises. Les petits travaux tel que le chauffage, l’eau, l’organisation des pièces se font à son arrivée, parce qu’il ne savait pas à l’avance le style de vie qu’il allait mener.
M. Yeny a gardé la cheminée d’époque, mais à l’intérieur il a mis un poêle à gaz (il a aussi en supplément le chauffage central). Il a reçu une aide financière pour l’installation de la citerne à gaz à micro-ventouses (chaudière dont la sortie se fait dans les murs et non dans les toits), parce que c’est un système de chauffage plus écologique. Il nous explique aussi que dans la région il existe une aide pour la réfection des façades. Sa maison n’est pas inscrite au patrimoine historique et il en est soulagé, car cela amène trop de contraintes. Il nous explique qu’habiter dans une vieille bâtisse exige de faire des concessions notamment sur la fonctionnalité et que ce ne sont pas des habitats écologiques (chauffage par exemple). Aujourd’hui M. Yeny utilise le bâtiment principal comme habitation, le premier étage de la bergerie comme atelier, le deuxième comme studio photo et le pigeonnier comme débarras. Sa femme a transformé le jardin en roseraie, 400 roses différentes, une prouesse sur un terrain tel que le Causse. Concernant la connexion Internet difficile à avoir, M. Yeny parle d’une « guerre d’internet », de ces régions dégroupées qui n’avaient pas accès au réseau, ignorées par les opérateurs. Lui et d’autres personnes concernées ont écrits des articles dans les journaux pour se faire entendre. En attendant avec son voisin ils ont partagé une parabole. L’accès à Internet par la suite n’a pas modifié l’espace de son habitat, mais plutôt ses habitudes de vies.

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Théo Lacroix.
Histoires relatives à Caylus
Caylus est un ancien village construit autour d’un château et d’une église, à l’origine ceinturé par un mur d’enceinte. Le village a fortement évolué en 30 ans. En 17 ans, M. Yeny a vu certains changements, avant le patois était très pratiqué, la vie d’antan était plus présente. Il y a eu un moment, où beaucoup d’anglais ont racheté des propriétés, aujourd’hui à peu près 50% des habitants sont des personnes qui ne sont pas originaires de Caylus, ce changement a permis une sorte de sauvetage du village. A l’époque les fermiers du Causse avaient une propriété dans le village et vendaient leur production dans le centre du village. Sur le Causse il n’y avait pas d’eau, il fallait marcher pendant 1 heure pour aller jusqu’à l’Aveyron à St-Antonin pour prendre de l’eau. Les habitations étaient modulées en fonction du travail. A l’époque, le patrimoine c’était les terres et non le bâti, du coup les habitants laissaient leur maison se détériorer, mais il était hors de question de délaisser les terres. à cette époque le chauffage était le cantou, En occitan les termes cantóu ou contóu désignent un coin, un recoin, un morceau, un lopin et par extension, « le coin du feu ».
Petit plus :
Les premières toilettes de Caylus sont encore visibles dans le pigeonnier du château.

Crédit : Théo Lacroix.
Ancienne grange sur le Causse

Crédits : Jean-Marc Evezard ; Théo Lacroix.
Michelle Pericas
Date : 03/01/2017
Entretien effectué par : Théo Lacroix
Michelle est native de Caylus (fille de paysan), mais a habité Toulouse pendant plusieurs années. Infirmière à domicile, elle décide tout de même de revenir en 1989 et tenter l’expérience d’un cabinet dans le village. Elle était locataire un premier temps, puis achète une maison dans l’enceinte du village dans laquelle peu de choses sont à refaire. Elle se déplace quotidiennement en voiture et son fils utilise le transport en bus pour se rendre au collège. Michelle se fait livrer des produits bio par des producteurs locaux « Les jardins de Cocagne » et profite du marché de Caylus et de Saint- Antonin, deux villages voisins, néanmoins une fois par mois elle fait ses courses aux supermarchés. Etant dans le métier, cette infirmière constate une évolution sur le plan social et médical. Un service d’aide soignante et d’aide à domicile est plus affirmé aujourd’hui malgré les difficultés qu’ont les médecins généralistes à se déplacer à domicile. à la suite d’une rencontre elle décide avec son compagnon d’acheter un terrain avec une maison modeste à 800m de Caylus et de revendre son ancien logement, mais la crise financière a rendu difficile la cession de leur bien. Ce dernier avait bénéficié d’un ravalement de façade en crépis uniquement de la façade donnant sur rue et d’une isolation en laine de verre. À son achat le bien était déjà composé d’une double cloison en brique, d’un système chauffage au fioul et d’un poêle à bois d’appoint qui a permis la préservation de la cheminée. Sur leur nouvelle propriété le couple à décider de restaurer la modeste maison qu’ils mettront en location et construisent une nouvelle maison sur le même terrain pour eux, ils ont récemment revendu deux parcelles à des amis qui ont comme projet de construire, petit à petit, eux-mêmes des maisons en bois. Concernant son exercice professionnel Michelle a du fermer son ancien local en raison d’un manque d’accès handicapé, son nouveau local est à présent voisin d’une pharmacie.

Illustration encyclopédie de Viollet-le-Duc.

Crédit : Théo Lacroix.
Etre jeune à Caylus dans une maison du XIXe

Crédit : Jean-Marc Evezard
Tanguy Mitchell
Date : 06/01/2017
Entretiens effectué par : Victoire Souviron, Beverley Lassagne
Tanguy a 17 ans, natif de Caylus. Ses parents sont propriétaires de la bâtisse, achetée il y a 18-19ans. Quasiment tout l’ensemble était à refaire lors de l’achat. Plusieurs petites bâtisses en ruine se trouvent au fond du jardin. Auparavant, deux sœurs occupaient la maison. Sur une querelle, elles décidèrent de séparer les étages et les relier par un grand escalier central, distribuant les différentes pièces. à leur décès, la maison resta telle quelle et fût occupée par différentes familles. Un abandon soudain dans les années 1980 mit à mal le bâtiment. Peu avant 2000, la maison fût en vente par lots déjà présents. Tanguy est étudiant au lycée de Caussade, à 20km de Caylus, ce qui l’oblige à utiliser le bus tous les jours pour faire le trajet. Concernant l’approvisionnement, ses parents se déplacent au grand supermarché de Caussade pour les courses importantes, mais font également travailler les commerçants du village. En effet, ils achètent leur viande uniquement chez le boucher de Caylus et les fruits et légumes au marché, le mardi et samedi matin. En quelques années, ils ont considérablement remarqué une fréquentation moindre. Tant d’un point de vue des habitants que des touristes. De plus, le lac dans lequel il avait l’habitude d’aller en été proche de Caylus a été fermé récemment. Il était autorisé à la baignade et attirait bon nombre de gens, touristes ou habitant aux alentours. Quant aux magasins, ils ferment les uns après les autres (le dernier étant la grande épicerie bio au bout de la rue du Long). Tout le pôle santé déplacé à l’extérieur de la ville a également été pour lui un mal pour le centre de Caylus. Les personnes âgées doivent maintenant prendre la voiture pour se déplacer et les anciens locaux restent désormais fermés. Lui et ses parents boycottent donc le récent projet. Dans le futur, Tanguy n’aurait pas envie de revenir habiter sur Caylus. Pour lui, le village représente davantage une cité dortoir...
Justin Miquel
Date : 06/01/2017
Entretiens effectué par : Victoire Souviron, Beverley Lassagne
Justin,17 ans, étudiant, natif de Caylus. Son père habite en tant que locataire dans l’ancien orphelinat de la ville, ayant également été occupé par le sculpteur Zadkine et sa femme peintre. Leur atelier respectif se trouvait derrière la maison. Justin est étudiant au lycée de Caussade et prend tous les jours le bus pour faire les trajets. Dans Caylus, il effectue tous ses déplacements à pied. Pour le reste, lorsqu’il veut se déplacer dans les villages voisins, il utilise son vélo ou la voiture. Concernant l’évolution de l’activité dans Caylus, il constate en effet que de plus en plus de volets se retrouvent fermés. Rares sont les activités et évènements dans l’enceinte du village. Il se déplace souvent vers Caussade et Montauban pour les piscines, stades de foot, cinémas, par exemple. Son père habite le premier étage de l’orphelinat depuis environ 10 ans mais n’en est que locataire. Il n’y a eu aucun travaux depuis son arrivée. À cet étage, deux cheminées sont existantes et beaucoup utilisées. Pour le reste, le chauffage au fioul est présent et semble convenir à l’occupant. Dans tous les cas, des systèmes dits écologiques comme les panneaux photovoltaïques sont interdits au sein du village. Au sujet d’Internet, aucune connexion n’est présente, par choix. Justin ne sait pas s’il se voit revenir sur Caylus dans le futur, tant d’un point de vue professionnel qu’affectif. S’il le peut, il souhaiterait la conserver comme maison secondaire. Concernant l’ancien orphelinat, la question ne se pose pas à la vue de la location.
La maison coupée

Crédits : Jean-Marc Evezard ; Pablo Figueroa.
Jacques Gaîda
Date : 03/01/2017
Entretien effectué par : Paola Figueroa, Margaux Zuppel et Maude Tremoliere
M. Jacques Gaïda est natif de Caylus, officier de marine, puis secrétaire de la Mairie pendant 25 ans. Jacques entre à la mairie en 1968 au moment où l’école publique brûle. En 1970 la nouvelle école est construite en même temps que l’urbanisation du versant Est de la colline (au niveau du village vacances). La famille Gaïda fait l’acquisition de la maison au 12 avenue du 8 mai 1945 dans la zone protégée, en 1800. Le père de Jacques, maçon spécialisé dans les bâtisses en pierre, la rénovation de bâtiments anciens et tailleur de pierre rénove entièrement la maison. Cette maison possède une cheminée ancienne, accompagnée d’un système plus récent de chauffage central au fioul. Jacques est équipé d’une connexion wifi, mais afin d’avoir la télévision il a dû mettre sur le toit une antenne parabolique et un râteau, puisque le relai TV présent non loin du village vacances est de par son ancienneté inadaptée. Jacques n’a pas eu besoin de faire des travaux d’isolation, les murs de 60 cm d’épaisseur sont suffisants mais il a dû changer les menuiseries afin d’installer le double vitrage. Lorsque la route de St-Antonin longeant sa maison a été construite aux alentours de 1837, la maison de Jacques s’est retrouvée en partie coupée et son jardin de l’autre côté de cette route. Une telle déformation de la maison engendre des angles spécifiques et des pièces difficilement aménageables. Toutes les maisons de Caylus possèdent un jardin, mais pas forcément accolé à la maison, tout particulièrement pour les propriétaires des « maisons coupées ». Par la suite, Jacques nous fait part de son savoir à propos du village. Il nous raconte que l’écoulement des eaux pluviales au Moyen-Âge se faisait sur les côtés grâce à la courbure des rues. Par la suite, les sortes de caniveaux sur les côtés des rues ont servi à enterrer/placer les canalisations du tout à l’égout. En 1905 la halle a été déplacée de l’autre côté de la place car elle gênait la descente de la rue droite. Caylus est une ville de 1500 habitants, à une époque le camp militaire fournissait beaucoup de travail, mais avec le temps il est devenu autonome et le manque d’activité économique pèse sur les petits commerces qui ferment les uns après les autres. Caylus est un village classé, tous les travaux sont donc contrôlés par la tutelle des bâtiments de France et il contient quatre monuments historiques particulièrement protégés. Afin d’éviter des perturbations visuelles, particulièrement dans la rue droite, d’important travaux d’enfouissement ont été réalisés pour cacher les câbles (électricité, téléphone, …) dû à l’évolution des modes de vies. Les couleurs des volets et des toitures sont également surveillées, pour uniformiser, sauvegarder et respecter l’aspect moyenâgeux du village.

Plans fournis par M.Gaïda.


Crédits photographiques : Margaux Zuppel ; Pablo Figueroa.
La maison du XIXe

Jacques Barroul
Date : 03/01/2017
Entretien effectué par : Beverley Lassagne, Kareen Hookerlosada, Yaru Gao et Charlotte Frison.
M. Jacques Barroul est né à Caylus et cela fait 61 ans qu’il y habite. Il a travaillé au sein du syndicat des eaux et a exercé la fonction de président durant 19 ans. Il a été élu adjoint au maire de Caylus pendant 6 ans. Cet homme de responsabilité exerce actuellement une activité commerciale dans le village. Voulant quitter le cocon familial, M. Jacques Barroul achète une bâtisse sur trois niveaux (RDC et 2 étages), non-habitable en 1980. Ce bâtiment accueillait un garage automobile, ainsi qu’un atelier d’horlogerie. Les travaux de réhabilitation et d’aménagement entrepris par M. Jacques Barroul se sont déroulés pendant deux ans et demi. Ces travaux ont permis la consolidation et la restructuration de la bâtisse. Les grandes portes d’entrées typiques des commerces de l’époque ont fait place à des fenêtres plus récentes car cloisonnées par un mur en pierre d’un mètre de hauteur. Cet élément et le reste de la façade ont été imaginés par un architecte respectant les règles d’urbanisme propre au village, chères à M. Jacques Barroul. Il a fait appel à des artisans locaux maîtrisant les particularités techniques des matériaux de la région. Les poutres, alors cintrées, lors de l’achat, ont été remplacées puis une chape béton coulée pour consolider la structure. Au cours des deux dernières années, M. Jacques Barroul a fait réaliser des travaux de confort impliquant le recouvrement des pierres intérieures par des plaques de placo. Ces aménagements ont eu pour effet la diminution de la poussière, une amélioration des qualités thermiques et une augmentation de la luminosité. Pour rappeler l’escalier bois en colimaçon d’origine, M. Jacques Barroul a fait poser des poutres en bois, notamment une, creusée, cachant les conduits d’eaux usées au niveau de la pièce à vivre. Il a également préféré changer de système de chauffage, passant d’une chaudière à bois (contraignante pour son stockage et son réapprovisionnement quotidien) par une chaudière au fioul. Les derniers travaux ont permis de dissimuler, derrière les plaques de placo, les conduits d’alimentation des radiateurs. Toutes ces dissimulations ont permis l’uniformisation des pièces. M. Jacques Barroul a pris le temps de nous faire visiter son village natal et ses anecdotes. Au long de cette promenade, nous avons pu constater les différents types de rénovations de façades plus ou moins en adéquation avec l’historique du village.

Photographie fournie par M. Barroul.
Nous remarquons les grandes portes de l’ancien atelier, qui après la première rénovation sont remplacées par des fenêtres. Lors de la deuxième rénovation, nous notons une modernisation du cadre des fenêtres avec l’ajout d’un coffre en aluminium cachant le volet roulant.

Crédit : Beverley Lassagne.

Crédit : Beverley Lassagne.

Crédit : Beverley Lassagne.
Chez Monsieur Barroul, les murs en pierres ont été recouverts de placoplâtre posé sur rail. Cette rénovation récente a été faite pour des raisons thermiques mais aussi esthétique puisque cela a permis d’y dissimuler les câblages. Contrairement à cette technique, on trouve la possibilité de venir camoufler un mur en placoplâtre avec du papier peint représentant un mur de pierres (ou quoi que ce soit d’autre) mais aussi de venir fixer des plaques de pierres.
La poutre existante sert maintenant à cacher le coffre du volet roulant chez monsieur Barroul.

Crédit : Beverley Lassagne.
La maison en travaux

Crédits : Jean-Marc Evezard ; Théo Lacroix.
Eyveline et Alain Dupont
Date : 04/01/2017
Entretien effectué par : Théo Lacroix et Victoire Souviron.
Natifs de Caylus, ils habitaient dans la région parisienne avant de prendre leur retraire dans le village natal. Ils viennent d’hériter d’une petite maison sur la place centrale. Ils s’intéressent à l’ensemble associatif du village et souhaitent vraiment s’impliquer dans les événements. Mais ils avouent ne pas penser et voir les mêmes choses que les habitants permanents. Ils ont l’image d’un village qui bouge et qui veut s’en sortir. Comment s’organisent les commodités au sein de Caylus pour le couple ? Le marché du mardi et samedi leur permettent de s’approvisionner un maximum, tout comme les boucheries et la boulangerie présents dans le centre. Pour le reste, concernant les grosses courses, ils se déplacent jusqu’à Caussade (20km) pour les grandes surfaces. De plus, ils constatent que tout le pôle santé s’est délocalisé à l’extérieur du village (infirmières, pharmacies et médecins), ce qu’ils déplorent. En effet, cela leur permet de constater qu’en 30 ans, un dépeuplement fût nettement observable. Ils arrivent tout de même à dire qu’à l’heure d’aujourd’hui l’effet inverse se produit ; un petit nombre de retraités reviennent petit à petit « finir leurs vieux jours ». Quelques-unes des maisons en centre ont été achetées récemment et rénovées pour l’occasion. Pour eux, la qualité de vie à Caylus n’a pas changé, mais ils constatent beaucoup moins d’animation, été comme hiver. Les foires mensuelles de Caylus ne sont plus réalisées. De quel bâtiment ont-ils hérité ? Nous parlons d’une maison située place de la Mairie, d’environ 150-200m2. La construction date de l’époque de la révolution française et a permis différentes habitations au sein de ces murs. Il n’y a pas si longtemps, le premier étage était encore loué par un homme âgé.

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Théo Lacroix.
Lors de la récupération, le constat était assez alarmant : il fallait tout rénover. Les travaux ont commencé en septembre 2016, comprenant la reconstruction totale de la toiture, ne conservant que la ferme centrale encore en bon état, la redistribution des pièces sur trois étages, la rénovation de la façade en pierre de taille et un aménagement de l’ensemble comprenant au maximum des méthodes et moyens contemporains (isolation, etc.…). Quelques jours après le commencement, ils se sont rendus compte que le mur côté jardin était en très mauvais état. La ferme centrale mal placée à l’origine a poussé sur le mur pendant plusieurs années, créant un trou de quasiment 10cm. L’écart entre le plancher du grenier et la toiture était trop important, le mur s’est donc écroulé. Il a donc fallu rajouter au projet la reconstruction de celui-ci. Tout le reste est en cours et suit son chemin. Seule la déception de la façade côté rue se fît ressentir : en effet, comme le bâtiment se trouve sur la place classée, les Bâtiments de France obligent les propriétaires des habitations environnantes à beaucoup de contraintes. Leur mur en belles pierres de taille apparentes a dû être entièrement recouvert par un enduit. Ils ont également dû peindre de couleur les pierres constituant les encadrements des fenêtres et de la porte d’entrée.
Concernant le chauffage, ils envisagent un chauffage central composée d’une pompe à chaleur apparente dans le jardin. Ils souhaitent également mettre du double vitrage partout, refaire l’isolation intérieure, etc. La fin des travaux est prévue avant l’été 2017.

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Théo Lacroix.
La maison de la place de la Mairie

Crédits : Jean-Marc Evezard ; Beverley Lassagne.
Christian Nicolas
Date : 03/01/2017
Entretien effectué par : Kareen Hookerlosada, Beverley Lassagne, Yaru Gao et Charlotte Frison.
Ancien médecin généraliste, Christian Nicolas est né et a fait ses études à Toulouse, il a déménagé à Caylus en 1975, suite à une demande de personnel de santé dans le canton. Actuellement il est à la retraite, mais continue à travailler au sein de la maison de retraite Saint-Orens à Montauban ainsi qu’à la régulation du SAMU de Caylus et Montauban.
Sa bâtisse, datant du début du XIXe siècle, se trouve sur la place centrale du village. Auparavant habitée par un épicier, il l’a achetée lors de son déménagement. Non habitable au moment de l’achat les travaux ont été effectués par Monsieur Nicolas (ancien maçon) et son frère (maçon), il a aussi fait appel à des artisans locaux pour la plomberie, pose de carrelage et électricité. Les travaux d’aménagement ont été fait progressivement, dans un premier temps le cabinet médical localisé au rez-de-chaussée, puis petit à petit les étages supérieurs. Le but, avant tout, était de garder les éléments d’époques pour les restaurer et les remettre en situation pour garder le cachet de la bâtisse. On note comme élément d’époque les tommettes par exemple, les pierres apparentes ainsi que les poutres. Le premier étage qui sert de salle de vie avec le séjour, a été décloisonnée pour augmenter la superficie de la pièce afin de l’aérer, mais aussi de façon à faciliter les passages des nouvelles canalisations. Les murs des chambres qui se situent dans les étages supérieurs sont recouverts de tapisseries tissées pour des raisons thermiques. Le cabinet médical, où exerçait le docteur Nicolas, n’est plus actif aujourd’hui, mais sert toutefois l’été à l’ouverture de boutiques éphémères, tenues par des artisans pour garder l’animation culturelle du village. Ce retraité actif chauffe sa bâtisse à l’aide d’une cheminée d’origine dans le salon. La répartition de la chaleur se fait en deux temps. D’une part par l’énergie thermique directe du feu dans le salon et d’autre part à l’aide d’un moteur électrique dissimulée sous le foyer qui diffuse l’air chaud dans d’autres pièces. Ce chauffage est agrémenté d’un insert installé dans la salle à manger qui réchauffe la pièce et la pièce du dessus. En complément, le propriétaire a installé des radiateurs électriques régulés par un thermostat centralisant leur activité et le contrôle de la température. Aujourd’hui, Christian Nicolas envisage la possibilité de poser des panneaux photovoltaïques sur ses toits. La place de la Mairie fait partie des monuments classés de Caylus, les maisons donnant sur celle-ci peuvent se voir refuser ce type d’aménagement.

Crédits : Charlotte Frison ; Yaru Gao.

Crédit : Yaru Gao.

Crédit : Charlotte Frison.

Crédits : Karen Hookerlosada ; Yaru Gao.
Avoir un commerce à Caylus

Crédits : Jean-Marc Evezard ; Archéologie du Midi médiéval. Année 1997, volume 15, numéro 1, pp. 215-233. [http://www.persee.fr/doc/amime_0758-7708_1997_num_15_1_1325] «
L’histoire de Jean-Paul Puydebois
Date : 04/01/2017
Entretien effectué par : Marie Maganuco, Hanin Salama et Aurélie Perderizet.
Jean-Paul est potier autodidacte depuis 40 ans (il y a deux potiers à Caylus).
Avant d’arriver à Caylus, il y a 20 ans, il était dans le Lot. Avant d’être potier, il fabriquait des pièces d’avions pour Air France. Il est arrivé à Caylus après avoir trouvé une propriété vraiment pas chère sur la place de la Mairie, il ne connaissait pas Caylus avant, il ne faisait que passer par là de temps en temps. Il a saisi l’opportunité, achète ce bien et le rénove entièrement. Le bâtiment était en ruine. Autodidacte dans la construction, M. Puydebois n’a fait appel à aucun entrepreneur, il a réalisé l’intégralité des travaux seuls.
Par la suite, grâce aux gains des ventes de ses réalisations, il a pu acheter un deuxième bien au bout de la route principale, un bien également en ruine. Il décide de le rénover seul pour y créer un atelier plus spacieux avec un meilleur aménagement plus adapté à son travail. Il n’y avait que les murs et le toit, à l’intérieur tout était à faire, l’eau, le gaz, l’électricité, il se raccorde seul au tout à l’égout. Il lui semble que l’ancien propriétaire n’avait pas les toilettes.
Par la suite il décide d’en faire son habitation, il vend son premier bien et s’installe dans le même bâtiment que son atelier, d’une superficie d’environ 180 m2, les travaux durent environ deux ans.
Commerces de Caylus dans des bâtiments de style médiéval

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Théo Lacroix.
Maison double médiévale

Crédits : Jean-Marc Evezard ; Margaux Zuppel.
René Medal et Philippe Maury
Date : 04/01/2017
Entretien effectué par : Pablo Figueroa, Margaux Zuppel et Maude Tremolière.
René Médal, retraité, anciennement traiteur sur Caylus est propriétaire d’un immeuble de quatre étages depuis 1980, mais n’y habite pas.
La bâtisse date du XIIIe ou XIVe siècle, elle est en pierre, en partie rénovée. René suppose que l’immeuble a subi un incendie, car certains éléments ont été remplacés notamment les fenêtres de style renaissance. Entre le XVIIIe et XIXe siècle, l’immeuble appartenait à la famille Bruelh, famille noble, coseigneurs de Cas. La dernière activité connue pour le numéro 24 au rez-de-chaussée était occupé par un sabotier, fermé depuis 1970. René a vendu la partie droite du numéro 22 à Philippe Maury. Le rez-de-chaussée n’est pas investi toute l’année, mais pour redynamiser la rue, des boutiques éphémères s’y installent pendant la période estivale, plutôt pour les touristes.
Philippe Maury travaille dans le bâtiment et rénove lui-même des bâtiments anciens. Propriétaire de la partie droite du numéro 22 depuis 2016, il habite un des appartements, au deuxième étage, en attendant de rénover une maison qu’il a achetée sur le Causse.
Une des particularités de la rue droite est que toutes les maisons communiquent entre elles jusqu’à l’église, par des ouvertures ou des simples fenêtres qui permettaient de traverser par les caves. Le rez-de-chaussée est toujours composé d’un local commercial côté rue et derrière des caves dotées de puits de jour amenant la lumière extérieure, mais aussi beaucoup d’humidité et de fraîcheur. Il n’y avait aucun système de chauffage central, mais des cheminées à chaque étage.
René Médal a fait des travaux de rénovation entre 1985 et 1990 par le biais d’un architecte à qui il a donné carte blanche. Il a fait ce choix, car travailler avec un architecte était plus simple, ainsi c’est lui qui soumet les plans pour le permis de construire et qui applique les normes des bâtiments protégés.
Le numéro 22 s’ouvre sur une grande tour munie d’un escalier à vis qui dessert tous les appartements de René et de Philippe. L’électricité a été installée dans l’escalier en colimaçon vers 1985, avec des fils apparents qui courent dans la tour.
En 2012 la toiture a été en partie refaite, les combles ne sont pas aménagés, le plancher est seulement recouvert de laine de verre. De l’autre côté du pallier, toujours au quatrième et dernier étage, on trouve une autre vaste pièce vide d’environ 70 m2, non rénovée. Les murs sont en pierre brute, les planchers en bois, les fenêtres sont de simples vitrages, il n’y a pas d’électricité ni de chauffage. Dans les travaux de rénovations, René a voulu essayer de préserver le cachet de la maison moyenâgeuse, il a conservé les constructions d’origine telles que les cheminées, les pierres de tailles, les poutres, qu’il a gardés apparents en décoration.
Au niveau de l’extérieur du bâtiment, la bâtisse est dans une zone protégée, il doit respecter les normes des bâtiments historiques du côté de la rue Droite et ne pas faire de modifications. De l’autre côté les normes à respecter sont moins rigoureuses, par exemple les volets doivent se trouver à l’intérieur de l’appartement côté de la rue Droite, alors que du côté arrière les volets sont extérieurs avec une vue sur les jardins.
L’appartement du 3e étage, côté René Médal, a été rénové en 1990, pour le louer. L’architecte lui avait fait plusieurs propositions dont une qui regroupait l’étage d’en dessous par un escalier à l’intérieur de l’appartement, comme on a pu le voir sur les plans que le propriétaire nous a fournis. Il est habitable, avec des chauffages électriques, il n’a pas effacé toutes les traces anciennes dans la partie historique où l’on trouve le salon et la cuisine en gardant la cheminée, un mur en pierre apparente et les volets intérieurs. Pour les chambres et la salle de bain, toutes les traces du passé ont été recouvertes par du placoplâtre, pour des questions d’isolation et de chaleur.
Par rapport aux travaux réalisés René Médal a reçu des subventions du conseil général et de la région, représentant 40% du coût total de la rénovation.
Au même niveau on trouve l’appartement actuel de Philippe Maury auquel nous n’avons pas eu accès. L’habitation a été apparemment complètement rénovée et il ne resterait pas vraiment de traces du passé.
Au deuxième étage, se trouvent deux vastes pièces complètement vides de 70 m2 où l’on note l’arrivée de fils électriques, gaines, câbles, pour un futur aménagement, mais aussi pour les monter aux appartements rénovés. Les pièces sont à l’état brut, avec les cheminées et les murs aux pierres apparentes.
Au premier étage nous avons pu rentrer dans un autre appartement rénové par un architecte qui a créé trois niveaux en demi-étages. On rentre par l’espace salon, les murs sont en pierre et un poêle remplace la cheminée traditionnelle. En descendant quelques marches on arrive dans la cuisine et la salle de bain séparées par de petites cloisons, où les murs en pierre ont encore été conservés. De là, on a accès à une cour intérieure donnant sur l’arrière de la maison, puisque le niveau du sol de ce côté est décalé par rapport au niveau de la rue. En remontant maintenant on accède à la chambre entièrement cloisonnée. Le style de la rénovation est clairement daté bien que l’architecte ne soit vraiment intervenu que sur le bloc de séparation des trois espaces. Des radiateurs électriques ont été proprement posés sur les murs en pierre, on ne distingue aucun fil apparent. Sur le côté cour les menuiseries sont en aluminium, en double vitrage, assurant une meilleure isolation que du côté historique de la rue Droite.
Le propriétaire Philippe Maury a soulevé ici un problème d’ordre thermique. Il a évoqué qu’au Moyen-Âge les murs étaient cachés pour garder la chaleur, mais aussi parce que les pierres des murs n’étaient pas jolies mis à part les pierres de tailles présentes au niveau des cheminées et des encadrements des fenêtres. Les parois étaient alors recouvertes par des enduits ou des tentures, comme les plafonds. René nous explique l’heureuse surprise qu’il a eu en découvrant ce plafond à la française qui avait été masqué. Concernant les murs Philippe pense que de cacher certaines parties par du placoplâtre permet de conserver la chaleur dans le logement, mais aussi de mettre en valeur les parties laissées nues.
Ainsi dans ces bâtiments anciens il y a des gros problèmes d’isolation dus au désir de conservation de l’aspect ancien et de la sauvegarde historique. Les propriétaires ne savent plus quel système de chauffage mettre en place. On se pose alors la question de comment rendre les murs en pierre réceptifs à la chaleur, sans les cacher ? Comment garder les traces de l’ancien et rendre d’endroit habitable et chaud ?

Plan fourni par M. Medal.

Crédit : Margaux Zuppel.

Historique : datation(s) principale(s) XIIIe, XIVe et XVe siècles ; époque contemporaine
Notice historique : cette maison située rue Droite a vraisemblablement été construite lors de l’extension urbaine menée à l’initiative du Comte de Toulouse, notamment grâce à l’aliénation de terrains sur l’emplacement des fossés, à partir de 1226. Les vestiges sur l’élévation principale permettent d’appréhender la distribution de la maison du XIIIe siècle, qui contrairement à aujourd’hui, était à pignon sur rue. À l’Est, la construction de l’escalier à vis a été construit au XVe siècle, il a entraîné de nombreuses perturbations qui ne paraissent pas contemporaines telle que la porte percée qui date du 14e siècle, située au rez-de-chaussée. Les élévations et les intérieurs ont également fait l’objet de modifications à l’époque contemporaine.
Le bâtiment occupe la moitié de la profondeur de la parcelle, perpendiculaire à la rue Droite au nord et à la rue du Portail Obscur au sud. Il est séparé de la parcelle 206 à l’ouest sur le plan par une androne, rue en escalier qui peut être couverte par des maisons. Sa maçonnerie est désormais liée à la parcelle 208 à l’est. La création d’un escalier a vis a permis de rattacher ces deux bâtiments distincts à l’origine. La largeur de la maison est de 6,60 mètres.
Description de la façade
Le rez-de-chaussée conserve le vestige d’une arcade à gauche. Il existait peut-être à droite une deuxième arcade similaire, ou une porte, remplacée ensuite par une arcade moderne (voir photo).
Le premier étage comptait deux fenêtres géminées avec cordons d’appui et d’imposantes moulures. Elles ont toutes deux été modifiées au 15e siècle pour insérer une croisée et une demi-croisée.
Le deuxième étage ne comptait qu’une seule fenêtre géminée à droite, qui sont des fenêtres groupées par deux sans être directement en contact, elle aussi, transformée par la suite. Des pierres avec de la suie se remarquent à gauche de cette ouverture, puis sur plusieurs assises (trois assises, disposées une assise sur deux). Ces blocs avec un côté biais dessinent une hotte pyramidale, vraisemblablement une cheminée. Cela explique l’absence d’une seconde baie géminée à ce niveau.
Le troisième étage ne compte qu’une seule fenêtre quadrangulaire aux piédroits surmontés de coussinets. Cette ouverture est centrée sur la façade nord, si l’on considère la largeur d’origine de cette dernière. Cette unique ouverture au dernier niveau coïnciderait avec une couverture à pignon sur rue ou une couverture à pignon adossée derrière un mur écran sur la rue. Le parti pris actuel d’un mur gouttereau (mur portant une gouttière) résulte d’une modification de la charpente et de la couverture à l’époque contemporaine.
De part et d’autre de l’allège de la fenêtre (munie de coussièges à l’intérieur) deux trous traversants, dont un seul possède encore son bloc de bouchage vers l’intérieur. Sont-ils liés au montage de la fenêtre ? Ils ne paraissent pas devoir être associés aux deux autres trous, plus rejetés vers les côtés de la façade. Ceux-là ont peut-être la même fonction ou explication que les deux présents sur la façade de la maison des loups. La fenêtre devait avoir un support médian, le linteau n’étant pas monolithe et la largeur de la fenêtre le suppose également.

Crédit : Margaux Zuppel.

Crédit : Margaux Zuppel.

Crédit : Margaux Zuppel.

Crédit : Pablo Figuerao

Crédit : Margaux Zuppel.
Relevés photographiques

Crédit : Théo Lacroix.
Ce relevé photographique met en évidence la manière dont les habitants du lieu ont adapté leurs nouveaux modes de vie (vmc, gouttières...) sur des bâtiments historiques.

Crédit : Théo Lacroix.