Des observations aux hypothèses de travail
La première semaine d’observation a permis de mettre à jour différents faits remarquables, lié à la spécificité du lieu : bon nombre de constructions de la ville de Caylus sont classées au patrimoine historique, ce qui réduit et contraint la marge de manœuvre des habitants qui voudraient apporter des modifications sur l’extérieur de leur maison.
L’adaptation des cités médiévales aux modes de vies d’aujourd’hui, avec notamment les chantiers de mise aux normes énergétiques dans le cadre de politiques de développement durable ne sont pas sans effets sur la structure du bâti. Au fil des transformations s’altère l'aspect écologique de ces bâtis.
Néanmoins, ne prendre en compte que le seul facteur de « préservation » et de « conservation » du patrimoine historique risque de figer ces cités dans des époques antérieures, de les muséifier et de les rendre difficilement habitable. De même que les rénover en fonction des normes énergétique tend à standardiser.
Dès lors se posait la question suivante : Comment adapter le bâtis d'une cité moyenâgeuse aux modes de vies d’aujourd’hui dans une démarche soucieuse du milieu et de ses ressources sans altérer cet héritage du passé ni le muséifier ?
Cette façon d’approcher les choses requérait de relever ce qui reste des organisations d’hier et qui pourrait être réhabilité et modifié. La présence des venelles a notamment retenu l’attention. Les recherches documentaires entreprises suite à la première semaine ont en effet permis de mettre au jour l’origine et la fonction de ces espaces : les venelles constituaient un espace d’évacuation des eaux usées à une époque ou le raccordement au tout à l’égout n’existait pas encore.
Le travail a permis de penser un système global constitué de plusieurs éléments imbriqué :
(1) Eau courante
Quelle système ?
Quelle forme ?
Quelle évacuation, vers où ?
(2) Évacuation pluviale
Quel rapport à la toiture et à la rue ?
Quelle évacuation, vers où ?
(1 & 2) Eau pluviale
Quel rapport à la rue ?
(1 & 2) Eau pluviale
Quel rapport au jardin ?
(3) Câbles
Quel rapport à la façade ?
(4) Chauffage
Quel rapport à la toiture et au soleil ?
Quel rapport à la thermie intérieure ?

Crédits : Nathalie Bruyère

Crédit : Yaru Gao.

Crédit : Yaru Gao.
La poignée à vanne par Jeanne Macaigne

Crédit : Yaru Gao.
(1) Eau courante
Quel système ?
Quelle forme ?
Quelle évacuation, vers où ?
La conception et le rapport à l’eau sont actuellement issus de l’époque techniciste des années 80. Les robinets actuels mettent en avant une notion d’eau abondante et un imaginaire pris à celui des sources, des cascades. Ces principes d’abondance ne correspondent plus aux problématiques actuelles face à la raréfaction de l’eau. à la sortie du robinet, l’eau est un bien marchand et potable, 20 cm environ plus bas au niveau du siphon, l’eau devient un déchet allant directement dans les égouts. De ce constat le projet a pris racine.

L’eau de l’évier peut se diviser en deux catégories. Les eaux grasses et savonneuses qui sont celles de la vaisselle, ainsi que les eaux de rinçages et alimentaire que l’on utilise pour laver les légumes, rincer un verre d’eau. En partant du principe que l’on peut réutiliser l’une de ces eaux à des fins ménagères, on peut imaginer l’isoler de l’évacuation générale à l’aide d’un raccordement de dérivation à vanne déjà existant dans le marché.
Le principe est de concevoir une poignée rattaché à ladite vanne afin d’amplifier le mouvement de l’utilisateur. La vanne étant sous l’évier, la poignée, au niveau du plan de travail et de l’évier, serait une extension du mouvement de l’utilisateur sur l’action de la vanne.

Crédit : Jeanne Macaigne

Crédit : Jeanne Macaigne
« L’intention est de détourner une partie de l’eau évacuée par l’évier afin d’alimenter le réservoir de la chasse d’eau ou bien vers un réservoir d’eau pour le jardin. Cela permettrait de réduire une partie de notre consommation en eau potable ainsi que de réintroduire une partie de l’eau dans les sols. »

Nœud de circulation par Marie Maganuco

Crédit : Yaru Gao.
(2) Évacuation pluviale
Quel rapport à la toiture et à la rue ?
Quelle évacuation, vers où ?
Placée dans une venelle, dans l’interstice entre deux maisons, cette cuvette de récupération d’eau pluviale – élément de raccord permettant de joindre deux gouttières de maisons différentes – est dotée de deux nouveaux points de sorties. L’eau qui entre dans la cuvette de zinc est renvoyée vers l’intérieur de la maison, par l’intermédiaire de deux tuyaux et vient alimenter les WC.

Crédit : Charlotte Frison.

Crédit : Marie Maganuco.
« L’élément conçu est une réinterprétation de la cuvette de branchement dit jambon que l’on trouve au niveau des gouttières. »

Résine PolyJet imprimée en 3D
Vos objets en résine Polyjet sont imprimés depuis un polymère liquide photosensible qui est solidifié par UV. Rigide et hautement détaillée, l’apparence de votre pièce est très proche de celle d’un objet en plastique standard. Sa surface est naturellement lisse. Notre matériau en résine est rigide et solide, permettant d’imprimer des modèles complexes contenant des volumes inclus dans d’autres volumes. La technologie Resin Clear vous permet d’imprimer des objets translucides qui, polis, sont transparents et d’aspect semblable à du verre.
Description issue de l’entreprise Scupteo, impression en ligne.
Résine PolyJet imprimée en 3D
Vos objets en plastique sont imprimés depuis une poudre de polyamide, plus communément appelé nylon. Solide et flexible à la fois, le polyamide résiste à la pression lorsqu’il subit une flexion. Peu coûteux et rapide à produire, le polyamide permet, aux personnes débutantes comme aux plus expérimentées, d’imprimer leur modélisation en 3D à moindre coût. Sa surface brute a un aspect granuleux, sableux et légèrement poreux.
Description issue de l’entreprise Scupteo, impression en ligne.
Matériau pour impression 3D multicolore
Vos objets en matériau multicolore sont imprimés directement en couleur depuis une poudre minérale fine, semblable à du plâtre, qui est teintée durant le processus d’impression 3D. Vous devez donc fournir un fichier contenant les textures et les couleurs de votre objet.
Description issue de l’entreprise Scupteo, impression en ligne.

La fabrication additive (ou impression 3D) s’oppose à la fabrication soustractive où l’on enlève de la matière pour atteindre la forme désirée. Dans la fabrication additive, les pièces en 3D sont construites par addition de couches successives de matière sous contrôle d’un ordinateur. À ses débuts, l’impression 3D a principalement été utilisée pour le prototypage rapide. Le potentiel offert par ce nouveau processus de fabrication permet en particulier des applications spécifiques et paramétrables avec de nombreux matériaux et finitions. La production est efficace pour des composants complexes qui n’étaient réalisables qu’avec beaucoup d’heures de travail ou non produits en série car avec des demandes trop spécifiques : variation des décors, de finitions, d’angle de raccord notamment.
Au gré des pluies par Hanin Salama & Antoine Leduc

Crédit : Yaru Gao.
(1 & 2) Eaux pluviales
Quel rapport à la rue ?
Généralement, l’eau qui s’écoule des toitures est rapidement redirigée vers les égouts. Il s’agit ici de placer au niveau de la rue Droite, au bout des tuyaux d’évacuation des eaux de pluie, des jarres en grès moulées à la corde pour les recueillir. Sur ces réservoirs, un robinet permettrait aux habitant de se servir de cette eau pour nettoyer leur pas de porte ou arroser leurs plantes.

Crédit : Théo Lacroix.
« L’idée était de trouver une harmonie, une cohésion avec l’environnement du village de Caylus, l’artisanat déjà préexistant et le problème de l’écoulement de l’eau. »

Crédit : Yaru Gao.
L’utilisation de la technique artisanale du moulage à la corde est assez similaire dans sa structuration à celle de la production additive voir note: note:La fabrication additive, plus connue sous le nom d’impression 3D, est un processus de fabrication qui transforme un modèle 3D en un objet physique, en assemblant des couches successives d’un même matériau.issue de l’imprimante 3D, par deux éléments : la corde fonctionne comme les filaments des imprimantes 3D, les baleines qui structurent le profil de la jarre peuvent être rapidement extraites d’une modélisation 3D.


Ainsi, le numérique, comme outil de conception, a permis d’extraire les patrons vectoriels des baleines qui viendront structurer le profil de la jarre. D’autre part, traditionnellement le dessin du profil doit être produit à l’échelle 1 , puis reproduit sur du bois pour faire un modèle. Par la suite, la découpe de cette forme dans du contreplaqué de 1 cm d’épaisseur est exécutée 16 fois, voire plus peut-être car les découpes ne sont pas toujours régulières et celles-ci peuvent casser. La découpe laser facilite cette étape pour ce type de production artisanale.

Venelle remplie par les habitants dans le temps. La jarre prévue à cet emplacement doit être spécifique à chaque venelle, du fait de la variation de la hauteur mais aussi des éléments environnants, sol entre autres. Le fichier 3D permet de recalculer rapidement ces variations de formes et d’extraire les plans des baleines.
Le jardin de pluie par Yaru Gao

Crédit : Yaru Gao.
(1 & 2) Eaux pluviales
Quel rapport au jardin ?
Un jardin de pluie ou jardin pluvial (en anglais rain garden) est l’une des nombreuses formes des jardins d’eau et techniques alternatives pour la gestion des eaux de ruissellement. L’eau ruisselle a travers le sol par infiltration ou évaporation, grâce à des noues paysagères ou jardin de pluie.
Il s’agit ici de penser un aménagement pour recevoir les eaux de pluie qui ne sont pas canalisées dans des tuyaux d’évacuation.

Crédit : Margaux Zuppel.
« Un système de drainage est mis au point pour que l’eau n’infiltre pas les fondations de la maison. »
Caylus est constitué de petites parcelles médiévales encastrées. Les habitants ont au fur et à mesure du temps « bricolé » des aménagements pour constituer des terrasses, les jardins devenant des éléments d’agrément qui ont rendu plus ou moins impossible les ruissellements des eaux de pluie.

Crédit : http://jardin-alternatif.over-blog.com
La proposition est d’imaginer des scenarii paysagés à l’échelle de ces parcelles. Les techniques de bio-rétention qui ont été utilisées sont principalement deux : la rétention qui stocke l’eau de ruissellement à travers le sol pour l’infiltration ou l’évaporation, nommée noue paysagère ou jardin de pluie et des intallations de retenue d’eau, comme les toits végétalisés.


Parcours sonore par Aurélie Perderizet

Crédit : Yaru Gao.
(1 & 2) Eaux pluviales
Quel rapport à la rue ?
Il pleut.
L’eau tombe sur le toit, elle s’écoule de la gouttière au tuyau avant de s’échapper vers une succession de tuiles de zinc. Au contact de la tôle, elle émet un son léger et poursuit son chemin en direction des caniveaux de la chaussée.

Crédit : Théo Lacroix.
« L’idée est de pouvoir ralentir le passage de l’eau afin de créer un parcours sonore le long des façades des maisons. »

Crédit : Aurèlie Perderizet.

Le modèle 3D et l’impression qui en découle sont la base de la contre-forme spécifique et du gabarit de découpe pour cette gouttière sonore.

Crédit : Yaru Gao.
Module de camouflage par Victoire Souviron

Crédit : Yaru Gao.
(3) Câbles
Quel rapport à la façade ?
A Caylus, il n’est pas rare de voir sur les bâtiments des installations de fortune laissant apparaitre des fils visibles en surface. Parfois même les câbles électriques pendent entre deux bâtiments.

Crédit : Théo Lacroix.

Crédit : Victoire Souviron
Il s’agit ici de réaliser un module permettant d’ordonner et de cacher différents câbles. Le module est composé de 3 pièces de bois facilement assemblables, la taille du module peut être ajustée en fonction de la longueur des intervalles entre chaque bâtiment.
Sur la face arrière du module, un système d’attache réunit et maintient les fils, tandis que sur la face visible des signes graphiques reprennent des éléments présents sur les façades de Caylus, ceux-ci sont gravés au laser.
« Ce module mêle le caractère fonctionnel au caractère ornemental. »


Tuyaux mobiles par Maude Tremolière, Margaux Zuppel & Pablo Figueroa

Crédit : Yaru Gao.
(4) Chauffage
Quel rapport à la toiture et au soleil ?
Quel rapport à la thermie intérieure ?
Il s’est avéré, au fil des entretiens avec les habitants et des visites de leurs habitations, que les maisons médiévales du centre ville et les corps de ferme sur le Causse, sont des constructions difficiles à isoler. Pour pallier à ce souci, les habitants parent les murs de leurs habitations de cloisons en placoplâtre. Mais ce type d’opération a pour effet de faire disparaître les qualités des espaces d’autrefois au profit de la recherche d’un confort thermique.

Crédit : Charlotte Frison.
Les tuyaux sont visibles, ils circulent dans la bâtisse par les conduits existants, courent le long des murs de pierres et se déploient dans l’espace du salon. Ici, le chauffage devient mobile, il se déploie dans la pièce, se décroche des murs tel un paravent. Fixé à un rail au plafond, le tuyau chauffant peut être détaché et emmené dans divers espaces de la maison. Il peut alors serpenter sur le canapé, le lit, le tapis... et apporter une source de chaleur ponctuelle.

Crédit : Maude Tremolière, Margaux Zuppel & Pablo Figueroa

Crédit : Yaru Gao.
Restitution
Photographies de la restitution dans le village, vidéo mapping des étudiants de la licence artisan-designer et exposition dans le Propulseur. Discussion avec les habitants et les élus du village et de la communauté de commune qui ont soutenu le projet.