Design & Food Coop
Un projet de recherche en design sur les pratiques d’approvisionnement soutenables en partenariat avec la Chouette Coop.
Un projet de recherche porté par Hanika Perez et Laetitia Giorgino
Présentation du projet de recherche
Depuis quelques années, une vingtaine de projets de supermarchés coopératifs ont émergé dans diverses villes de France. Parmi eux, le projet de la Chouette Coop à Toulouse se présente comme « un supermarché coopératif innovant, à but non lucratif géré et gouverné par ses membres, pour ses membres, les coopérateurs ». Ce type de supermarché repose sur le principe suivant : toute per sonne qui s’y approvisionne participe activement : elle adhère à la coopérative et donne 3 heures de son temps chaque mois pour participer à son fonctionnement. En échange de cet investissement lui est donnée la possibilité d’acquérir à moindre coût les produits qui lui sont nécessaires.
Alors que la plupart des secteurs de la consommation continuent d’être structurés selon un modèle de division entre production et consommation, les supermarchés coopératifs mettent à contribution l’ensemble des membres. Leur contribution peut prendre différentes formes en fonction des compétences et des volontés de la personne : participer à la mise en rayon, effectuer des tâches de manutention, prendre en charge la caisse ou prendre part à l’un des 12 services qui structurent la Chouette coop : le service de la communication, celui de la comptabilité, la centrale d’achat, etc.
Cette initiative citoyenne se présente comme une alternative aux modèles classiques du supermarché. Que serait un supermarché soutenable ? Comment pratiquer des prix qui permettraient au plus grand nombre d’accéder à ses produits tout en soutenant une agriculture qui n’exploite pas de manière trop intensive les ressources de la terre ? Telles sont les questions qui animent les coopérateurs de la Chouette Coop.
L’intérêt de ce type d’initiative est multiple. Celui qui travaille à la Chouette Coop est d’emblée, du fait de sa participation, mis dans une démarche réflexive : il fait partie des instances décisionnelles, il peut participer aux assemblées générales dans lesquelles sont abordées les questions relatives au bon fonctionnement de la structure : le choix des produits, etc. Travailler dans ce type de supermarché, c’est développer un autre rapport à la consommation en contribuant à l’un des services, c’est être plus à même de comprendre d’où viennent les pro duits, de connaître leurs conditions de production, etc. La Chouette Coop n’est pas seulement un lieu d’approvisionnement, c’est un lieu de commerce où le souci de l’autre (les conditions de travail des producteurs, des divers coopérants, la question du mode d’acheminement de produit, etc., compte davantage que les marges de profits que l’on pourrait tirer de tel ou tel échange commercial).
Ce modèle organisationnel permet aussi de réfléchir aux changement des modes du travail. La pénibilité du travail du caissier et du manutentionnaire est directement lié à la répétition d’un geste, tout au long de la journée et ce parfois plusieurs années durant. Le fait d’endosser le costume de l’hôte de caisse, du manutentionnaire 3 heure par mois permet de partager cette tâche et de ne plus la réserver à une seule et même personne. Par ailleurs si l’employé est la plupart du temps chargé d’exécuter les mêmes gestes à l’intérieur d’un programme défini par d’autres que lui, il ne lui est pas donné l’occasion de prendre conscience de ce qu’implique la tâche à laquelle il se voue, il n’a pas de vision d’ensemble (cela l’en chaine à une spécialité, et maintient son ignorance en dehors du strict champ d’activité que l’on a délimité pour lui). C’est justement ce type d’effet qui peut être évité grâce à l’organisation de la Chouette Coop.
Regards et analyses des projets liés à l’évolution des supermarchés :
Il sera aussi proposé aux étudiants de relever un ensemble d’initiatives de projet mené autour de l’évolution des supermarchés, de les analyser et de les comparer. Des initiatives de supermarchés s’efforçant de réduire la production de déchets ont vu le jour. Néanmoins, toutes ces initiatives - que l’on pourrait rapidement regrouper sous le nom d’économie collaborative ou d’économie contributive - ne se valent pas. Par exemple, le projet NU (Naturellement urbain) présenté comme un projet d’innovation social, consistant en une halle alimentaire connectée et sans emballage jetable, a mis au point des récipients consignées pour les produits. Mais ce qui la différencie des supermarchés classiques tient aussi au dispositif de paiement qui a été mis en place et qui ampli fie la collecte des données personnelles.
Méthode de recherche : L’observation participative
Les étudiants qui souhaiteront prendre part à cet atelier de recherche seront invités à adhérer à la Chouette Coop, à intégrer l’un groupe de travail déjà en place (approvisionnement, gestion des membres, informatique, communication, etc.) à participer aux A.G (1x/mois), ceci afin de mener une enquête sur l’organisation et le fonctionnement de cette coopérative. Cette enquête pourra per mettre de faire ressurgir les problèmes soulevés par ce type d’organisation qui échapperait à un observateur extérieur.
Cette méthode d’observation participative est empruntée aux modèle d’enquête de terrain mises en œuvre dans le champ des sciences sociales (anthropologie, ethnologie, sociologie). Mener une observation depuis l’intérieur est un préalable à la bonne conduite d’un projet. Elle permettra aux étudiants d’avoir une vision globale sur la production des denrées, sur leur circuit de circulation, etc.
Modalités et mise en œuvre du projet de recherche :
- Cet atelier de recherche sera proposé aux étudiants de 4e année en design Pendant le premier semestre, (de novembre à fin janvier) cet atelier prendra la forme d’une observation participative. La bonne conduite de cet atelier repose en grande partie sur l’engagement personnel de l’étudiant et son investisse ment au cœur du groupe de travail intégré.
- du 15 au 19 janv : Voyage d’étude. Visite des autres supermarchés coopératif ( Super Quinquin à Lille et La Louve à Paris). Rencontre avec les producteurs, visite des lieux de productions
- du 12 au 16 fev (ou du 26 au 30 mars) Workshop intensif avec le collectif BAM